Introduction

La réglementation thermique vise à améliorer la maîtrise de la consommation énergétique de nos bâtiments. Avec l’amélioration de la résistance thermique de leur « enveloppe », le contrôle des flux d’air avec l’extérieur prend, progressivement, de plus en plus d’importance. Ainsi, dans un bâtiment très isolé, la part de la consommation de chauffage liée au renouvellement de l’air peut atteindre 60 à 70 % (1).
Les menuiseries extérieures représentent une source potentielle importante dans le risque d’infiltration d’air. Les causes de ces infiltrations peuvent provenir de la nature de l’ouvrant elle-même et/ou de sa mise en oeuvre et donc de sa liaison avec la paroi.

Les caractéristiques des menuiseries

Quel que soit le matériau ou le type d’ouverture (« à frappe » ou coulissant), les menuiseries extérieures sont caractérisées par un classement AEV* (Air, Eau, Vent), dont le protocole d’essai est déterminé par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) (2).
Dans ce dossier, nous sommes évidemment plus particulièrement intéressés par le classement à l’ « Air ». Plus le chiffre sera élevé (1 à 4), plus la menuiserie concernée sera performante.
Généralement, on constate que les baies coulissantes « standard » (sur rails, et dont l’étanchéité à l’air est assurée par le chevauchement de joints souples) « dépassent rarement les classements A2, alors qu’avec les systèmes levants-coulissants, le classement atteint couramment A3, et A4 pour les coulissants à translation ». (3)

Toujours intéressée par la pertinence économique et, dans le fond, écologique de nos projets, l’agence s’est penchée plus attentivement sur l’intérêt d’investir dans des menuiseries plus étanches. L’étude suivante permet d’en discuter.

Mise en perspective de la performance

Avant propos : le scénario utilisé aboutit à une majoration d’environ 20% des déperditions calculées par rapport à celles issues du fichier de Météo France. L’utilisation de ce scénario permet d’éviter toute discussion sur la bonne valeur prise en compte (pas de risque de minoration pouvant altérer la portée des conclusions).
Aujourd’hui, les industriels ont tous perçu l’intérêt de proposer des menuiseries bien classées au regard des déperditions (par les parois -cadres et vitres- et par infiltrations d’air – joints et trous divers: serrures…). Nous retrouvons donc, associé à la baisse des coefficients de déperdition (symbole Uw – ou Uf en français), le rehaussement de la classe de perméabilité qui est passé ces derniers mois du classement générique A3 à celui de plus en plus recherché A4.
Par cette étude, nous voulions savoir quelles étaient les conséquences entre l’utilisation d’une menuiserie A3 et celle classée A4.
Nous pouvons interpréter ces résultats en les exprimant à travers l’exemple d’un logement de taille moyenne de 100m² disposant de 16m² de menuiseries vitrées (norme BBC); dans ce cas, la différence des déperditions annuelles entre un classement A3 et un classement A4 est de l’ordre de 565 kWh d’énergie finale facturée1 pour notre région nantaise (le positionnement géographique a une importance puisque pour les déperditions par infiltration d’air, le vent a bien entendu une réelle influence).

Les calculs ci-dessous ont été réalisés avec le concours du Bureau d’Études Gaudin Ingénierie (groupe Ceris).

Sur la base des infiltrations liées à la menuiseries, selon le scénario Nantes, le surcoût(4) de chauffage nécessaire pour compenser ces déperditions de la maison construite avec des menuiseries classées A3 plutôt que A4 sera de l’ordre de :

  • 30 €/an dans le cas de l’utilisation de l’énergie bois -chaudière ou poêle- (ou gaz très proche en coût du kWh)
  • 70 €/an dans le cas de l’utilisation de l’énergie électrique (convecteurs électriques)

Par comparaison, pour la même maison de 100m² et ses 16 m² de menuiseries, la différence entre des menuiseries dont le niveau déperditif est de 1,6 W/m².°C – aujourd’hui le niveau de performance de la plupart des menuiseries – et celles à 1,2 W/m².°C beaucoup plus sophistiquées (et 20 à 30% plus chères) sera de 340 kWh/an.
Le surcoût(4) du chauffage nécessaire pour compenser cette différence de déperdition sera de l’ordre de :

  • 20 €/an dans le cas de l’utilisation de l’énergie bois -chaudière ou poêle- (ou gaz très proche en coût du kWh)
  • 45 €/an dans le cas de l’utilisation de l’énergie électrique (convecteurs électriques)

Conclusion

En conclusion: le passage de la classe A3 à la classe A4 nécessite souvent l’adjonction d’un joint complémentaire (les gorges réceptrices sont souvent déjà prévues dans les profils des menuiseries) et quelques aménagements sur les assemblages.
Pour autant, le coût répercuté de ces améliorations techniques est bien inférieur aux variations constatés sur les marges de vente (c’est à dire entre deux offres commerciales, pour le même produit).
Aussi, parce qu’il reste mesuré, l’effort pour l’obtention du classement A4 semble justifié, même s’il faut probablement plus de 10 ans pour amortir le sur-investissement. Cette performance est, par ailleurs, nécessaire à la garantie d’une étanchéité d’ensemble conforme à la norme Bbc+.

Comparativement, l’amélioration de l’isolation thermique (ou plus précisément la transmission thermique surfacique, Uw) des menuiseries s’avère beaucoup plus délicat à justifier. Comme nous l’avons évoqué, le saut financier est en effet très important (de l’ordre de 3.000 € pour la maison évoquée) pour passer du coefficient 1,6 à 1,2 W/m2.°C. A coût d’énergie actuel, il faudra 150 ans pour amortir cet investissement si l’on chauffe au bois ou au gaz et de l’ordre de 70 ans si l’on chauffe avec l’énergie électrique (si l’on ne s’intéresse pas à la notion d’énergie primaire…). Même si l’énergie double d’ici 10 ou 20 ans, la mise en concordance entre investissement et économie réalisée demeure délicate.
Attention donc à faire le bon choix sur l’investissement le plus performant en terme de rapport énergie grise globale : économie d’énergie consommé / coût de l’investissement.

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